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RÉPONSE A LA DÉFENSE


qui a plusieurs maris, est un désordre monstrueux, qui n’a été permis en aucun cas, et que l’auteur ne distingue en aucune sorte de la polygamie d’un homme qui a plusieurs femmes ». Par l’auteur, l’ami entendoit l’auteur de la feuille, qui n’avoit pas fait sentir combien la polygamie d’une femme qui a plusieurs hommes, est plus honteuse que l’autre. Mais celui qui fut chargé de faire imprimer, crut que la note regardoit l’auteur de l'Esprit des Lois, et mit sur son compte ce que l’on disoit de l’auteur de la feuille ; on inséra donc cette note dans le texte, et on le fit si mal, que la réflexion qui vient après, forme un sens ridicule. En retranchant la note qui a été insérée dans le texte, tout devient clair et se suit naturellement.

L’auteur se plaint encore de ce que nous lui attribuons d avoir dit que la religion doit permettre la polygamie dans les pays chauds, et non pas dans les pays froids. Nous avons cru que c’étoit ce qu’il vouloit faire entendre, quand il a dit que la loi qui ne permet qu’une femme, est conforme au physique du climat de l’Europe, et non au physique du climat de l’Asie ; que c’est pour cela que le mahométisme a trouvé tant de facilité à s’établir en Asie, et tant de difficulté à s’établir en Europe ; que le christianisme s’est maintenu en Europe, et a été détruit en Asie ; et qu’enfin les mahométans font tant de progrès à la Chine, et les chrétiens si peu. A quoi bon ces réflexions, si ce n’est pas pour dire que la religion doit s’accommoder au climat, si elle veut s’y établir ou s’y conserver ?

L’auteur de la Défense fait un titre particulier du climat ; mais il n’ose rapporter les endroits sur lesquels on l'a relevé. Il affaiblit, il déguise, et ne dit presque que des choses vagues ; c’est-à-dire qu’il ne répond point. Il