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DE L’ESPRIT DES LOIS.

Cent et une propositions sont extraites de l'Esprit des Lois avec beaucoup de soin, et proscrites avec autant de jugement.

La Gazette ecclésiastique publia la sentence le 9 et le 16 octobre 1749 [1].

De l’arrêt donné au faubourg Saint-Médard, M. de M... en appela au tribunal de la raison ; et le public approuva son appel, consigné dans sa Défense de l'Esprit des Lois.

Celte brochure est de la raison assaisonnée ; c’est ainsi que Minerve auroit plaidé pour la vérité. La grâce y est unie à la justesse, le brillant au solide, la vivacité du tour à la force du raisonnement. On y voit l’homme d’esprit et l'homme de génie, la politique et l’académicien, le chrétien et le philosophe. Elle est semée de traits vifs et mordants contre l’oracle, traits qui vont tous au but et au profit de la cause.

Les gazetiers ecclésiastiques viennent d’y répliquer dans deux de ces feuilles périodiques [2], vouées depuis si longtemps à la tranquillité publique, et destinées à déférer à l’Église tout homme qui a le bonheur de ne pas penser comme eux.

Vraisemblablement M. de M... ne répondra point à ces redoutables adversaires ; il déclinera prudemment le combat ; il laissera le soin de sa vengeance au mépris du public ; et, vieux athlète, il se reposera à l’ombre de ses lauriers, ou s’occupera à en moissonner de nouveaux.

Quand on est né pour éclairer l’univers, on lui doit compte de ses moindres moments, compte d’autant plus

  1. Insérée dans le Journal des Savants, édition d’Amsterdam du mois d’avril 1750. (Sup. p. 115 et suiv.)
  2. Du 24 avril et 1er mai 1750, insérée dans les mois de juin et juillet du Journal des Savants, édit. d’Amst. (Sup. p. 209 et suiv.)