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SUITE DE LA DÉFENSE


rigoureux que les talents, utiles au bonheur du genre humain, sont plus rares, et que la dette est immense.

M. de M... de voit quelques éclaircissements à un certain ordre de personnes, qu’une longue familiarité avec quelques préjugés régnants avoit séduit contre quelques morceaux de son livre. Il les a donnés. Le voilà désormais quitte envers eux. Quelle apparence qu’il se donne la peine de suivre dans tous leurs écarts des nouvellistes désœuvrés, accoutumés à ne porter sur les objets qu’un œil prévenu, empressés à saisir l’occasion de s’illustrer aux dépens du mérite et des talents, habiles à farder la vérité, intéressés en tout sens à éterniser la dispute !

Mais les critiques sont d’étranges mortels ; qu’on les réfute ou non, ils ont toujours gain de cause. Laissez-vous leur livre sans réponse ? votre silence est un aveu tacite de votre défaite. Y répondez-vous ? votre défense est un aveu de leur triomphe. Leur imagination en dresse un trophée à leur amour-propre.

Cependant l’intérêt de la vérité demande qu’on la dégage des chaînes dont l’erreur, l’ignorance et la mauvaise foi voudraient l’accabler. C’en est assez pour justifier l’examen que je vais faire des feuilles des 24 avril et 1er mai des Nouvelles ecclésiastiques. Commençons.

« Des reproches que nous avons faits à l’auteur de l'Esprit des Lois, il y en a sur lesquels il essaye de se justifier et ne le fait pas ; il y en a sur lesquels il n’ose pas même tenter de se justifier. »

Cet auteur est singulier. Quoi ! les gaze tiers ecclésiastiques auront sué à grosses gouttes pour détacher quelques propositions, qui, isolées et ne tenant plus au tout, paraîtront condamnables ; ils se seront mis en quatre pour lui faire des reproches, et il ne daignera pas y répondre ?