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DE L’ESPRIT DES LOIS.


falloit pas confondre. Les qualités dépendent en partie de la matière ; le vice et la vertu dépendent de l’âme seule. On naît avec des qualités ; on acquiert des vertus. La nature donne les qualités, la raison les vertus.


Néron dans un autre hémisphère,
Auroit peut-être été Titus.


Et qui en doute ? Qui doute que, si Néron avoit été porté dans les flancs d’une autre mère, s’il avoit sucé un autre lait et respiré un autre air, Néron eut été un autre homme ? Autre cause, autre effet.

L’esprit est le second mobile,
Et notre raison versatile
Est dépendante des climats ;
Féroce au pays dès frimats,
Voluptueuse dans l’Asie,
Le même ressort ici-bas
Détermine la fantaisie.
Ainsi, sans un grand appareil,
On peut dans le siècle où nous sommes
Par le seul degré du soleil
Calculer la valeur des hommes, etc.


Mauvaise foi dans tout cet exposé. M. de M... en regardant le physique du climat comme cause, n’exclut pas les autres causes, et ne donne point à celle-ci le premier rang. La suite de cette tirade n’est qu’une copie de la même pensée. Il paroît que le poëte sait fort bien faire son thème en plusieurs façons.

La liberté n’est qu’un vain titre,
Le culte un pur consentement ;
Et le climat seul est l’arbitre
Des dieux et du gouvernement.