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CHAPITRE XXI.


CONTINUATION DU MÊME SUJET.


La force que Charlemagne avoit mise dans la nation subsista assez sous Louis le Débonnaire, pour que l’État pût se maintenir dans sa grandeur, et être respecté des étrangers. Le prince avoit l’esprit foible ; mais la nation étoit guerrière. L’autorité se perdoit au dedans, sans que la puissance parût diminuer au dehors.

Charles Martel, Pépin et Charlemagne [1] gouvernèrent l’un après l’autre la monarchie. Le premier flatta l’avarice des gens de guerre ; les deux autres, celle du clergé ; Louis le Débonnaire mécontenta tous les deux [2].

Dans la constitution françoise, le roi, la noblesse et le clergé avoient dans leurs mains toute la puissance de l’État. Charles Martel, Pépin et Charlemagne se joignirent quelquefois d’intérêts avec l'une des deux parties pour contenir l’autre, et presque toujours avec toutes les deux : mais Louis le Débonnaire détacha de lui l’un et l’autre de ces corps [3], il indisposa les évêques par des règlements

  1. A. B. Charlemagne, son père et son aïeul, gouvernèrent, etc.
  2. A. B. Celle du clergé ; les enfants de Louis le Débonnaire excitèrent l’ambition de tous les deux.
  3. A. B. « Mais les enfants de Louis le Débonnaire détachèrent du roi l’un et l’autre de ces corps, et l’autorité du roi se trouva trop foible. »

    Le chapitre finit là. Tout ce qui suit a été ajouté dans la dernière édition.