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DISCOURS
CONTENANT

L’ÉLOGE DU DUC DE LA FORCE[1].

PRONONCÉ LE 23 AOUT 1726
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Ce jour si solennel pour l’Académie, ce jour où elle distribue ses prix, ne fait que lui renouveler le triste souvenir de celui qui les a fondés[2].

Mais quoique j’aie l’honneur d’occuper aujourd’hui la première place de cette compagnie, j’ose dire que je ne suis pas affligé de ses pertes seules : j’ai perdu une douce société, et je ne sais si mon esprit n’en souffrira pas autant que mon cœur.

  1. V. sup. page 3. En 1716, le duc de la Force, vice-président du conseil des Finances, membre du conseil de Régence, favorisa les essais de Law. Quand il aperçut la faiblesse du système, il acheta de grandes quantités de porcelaines, de savons et de drogueries pour ne pas être victime de la dépréciation du papier. Cette mesure prudente était d’un économiste ; mais nos anciennes mœurs ne permettaient pas à un noble, à un grand seigneur de faire le commerce. La duc de la Force fut blâmé par un arrêt du Parlement, rendu en 1721 ; il se retira dans ses terres, où il mourut en 1726. V. les Mémoires de Mathieu Marais, tome II ; ceux de Barbier, tome I, et Saint-Simon, XI, 379.
  2. Le duc de La Force était mort à Paris le 21 janvier 1726 ; il était protecteur de l’Académie de Bordeaux.