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NOTES

assemblé ses troupes avant d’avoir demandé satisfaction. Le roi de Prusse répondait qu’il l’avait fait demander deux ou trois fois, mais que le sieur de Reichtembach, son ministre, avait toujours été rabroué et non écouté par le sieur Debouche, premier ministre, lequel avait de l’aversion pour la couleur bleue. Or, il se trouva que le plus riche habit de Reichtembach, que je lui ai vu, était bleu ; ce qui faisait que ledit ministre ne pouvait avoir un moment d’audience.

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Il y a des membres écossais qui n’ont que deux cents livres sterling pour leur voix et la vendent à ce prix.

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Les Anglais ne sont plus dignes de leur liberté. Ils la vendent au roi ; et si le roi la leur redonnait, ils la lui vendraient encore.

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Un ministre ne songe qu’à triompher de son adversaire dans la chambre basse ; et pourvu qu’il en vienne à bout, il vendrait l’Angleterre et toutes les puissances du monde.

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Un gentilhomme nommé…, qui a quinze écus sterling de rente, avait donné, à plusieurs temps, cent guinées, une guinée à lui en rendre dix lorsqu’il jouerait sur le théâtre. Jouer une pièce pour attraper mille guinées, et cette action infâme n’est pas regardée avec horreur ? Il me semble qu’il se fait bien des actions extraordinaires en Angleterre ; mais elles se font toutes pour avoir de l’argent. Il n’y a pas seulement d’honneur et de vertu ici ; mais il n’y en a pas