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LETTRES FAMILIÈRES.


ne m’avez point envoyé votre Éloge du cardinal de Polignac. Mandez-moi à l’oreille si je pourrois vous envoyer un Temple de Gnide, bien relié en maroquin vert, pour en faire un hommage à Mme Du Plessis.

Vous ne me parlez pas de me renvoyer la dissertation angloise, qui est arrivée trop tard, sur l’électricité, que je vous avais prié de tirer du coche ; je crois, mon cher Président, que vous devez me la renvoyer par la première occasion, afin que je la fasse remettre.

Je vous dirai que Mademoiselle [1] m’obligea, il y a quelque temps que j’étois chez elle, à lui lire un petit roman [2]. Je voudrois bien vous l’envoyer pour savoir ce que vous en pensez au juste, et que vous m’écrivissiez un long jugement, afin que je le corrigeasse. Il faudroit que le jugement portât sur le tout et sur les parties, même sur les fautes de style. Mme de Mirepoix, a qui je le montrai il y a quelques jours, et qui a prodigieusement de goût, me fit quatre ou cinq critiques très bonnes, et dont je profitai. Il faudroit donc, si vous voulez que je vous l’envoie, que vous me jugeassiez sans flatterie, car je sais bien que vous ne me jugerez pas avec sévérité , que votre cœur sera pour, mais je voudrois que votre esprit fût contre ; enfin, ce seroit pour moi un petit spectacle de savoir au juste ce que vous en pensez ; je vous le ferai tenir et vous me le renverriez.

Adieu, mon cher Président, je vous salue et embrasse de tout mon cœur.


MONTESQUIEU.


A Paris, le 3 septembre 1742.
  1. Mlle de Clermont ?
  2. Quel est ce roman ? Arsace et Isménie n’étaient probablement pas commencés. Reste le Metempsycosiste, gardé en manuscrit, ou le Voyage à Paphos, si l’ouvrage est de Montesquieu.