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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE XXXVII.


A MARTIN FFOLKES [1].


Le pauvre capitaine Norden est mort, monsieur, j’en suis très fâché ; c’étoit un homme de mérite, et nous comptions beaucoup son esprit et son savoir. Le pauvre homme a eu une fin très heureuse ; il ne se jugeoit perdu qu’une [heure] avant que de l’être. Il nous reste le comte Daniskiold dont je vous remercie de m’avoir procuré la connoissance. Mme de Tencin, à qui je devois le représenter de votre part, n’est arrivée que depuis deux ou trois jours de Lyon ; je l’ai déjà prévenue, et je le lui mènerai ces jours-ci.

Comment vous portez-vous, monsieur ; c’est la chose du monde qui m’intéresse le plus. Votre amitié est un bien qui a fait longtemps les délices de ma vie, et qui en fait encore les regrets. Je ne vous félicite point de votre place à l’Académie des sciences ; c’est elle qu’il faut féliciter [2]. A propos de sciences, vous ferez un grand plaisir à Maupertuis et à moi, si vous voulez envoyer à Maupertuis et à moi une douzaine de [3]... et nous vous enverrons en revanche les premiers livres qui s’imprimeront dans ce pays-ci ; et il est bien certain que la marchandise angloise vaudra mieux que la françoise. Je m’en rapporte à la décision du président de votre Société Royale [4].

  1. Tiré des Archives de Sir William Ffolkes. Envoi de M. Masson.
  2. Martin Ffolkes venait d’être nommé à l’Académie des Sciences de Paris, en remplacement de Halley.
  3. Un mot illisible.
  4. Martin Ffolkes avait succédé en 1741 à Sir Hans Sloane comme président de la Société Royale de Londres.