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LETTRES FAMILIÈRES.


trape. Adieu, je vous attends, je vous désire et vous embrasse de tout mon cœur.


De Paris, en 1746.


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LETTRE LII [1].


A MAUPERTUIS [2].


Monsieur mon très-cher et très-illustre confrère,

Vous aurez reçu une lettre de moi, datée de Paris. J’en reçois une de vous datée de Potsdam. Comme vous l’aviez adressée à Bordeaux, elle a resté plus d’un mois en chemin, ce qui m’a privé très longtemps du véritable plaisir que je ressens toujours lorsque je reçois des marques de votre souvenir. Je ne me console point encore de ne vous avoir point trouvé ici ; et mon cœur et mon esprit vous y cherchent toujours. Je ne saurois vous dire avec quel respect, avec quel sentiment de reconnoissance, et, si j’ose le dire, avec quelle joie, j’apprends par votre lettre que l’Académie [3] m’a fait l’honneur de me nommer un de ses membres ; il n’y a que votre amitié qui ait pu lui persuader que je pourrois aspirer à cette place. Cela va me donner de l’émulation pour valoir mieux que je ne vaux ; et il y a longtemps que vous auriez vu mon ambition, si je n’avois craint de tourmenter votre amitié, en la faisant paroitre.

  1. Cette lettre est tirée de l'Éloge de Montesquieu, publié par Maupertuis. Cet éloge est imprimé en tête de notre premier volume.
  2. Pierre-Louis Moreau de Maupertuis, de l’Académie française et de l’Académie de Berlin, né à Saint-Malo en 1608, mort à Bâle en 1759.
  3. L'Académie de Berlin, dont Maupertuis était président.