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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE LIII.


A L’ABBÉ DE GUASCO.


Mon cher Abbé, je vous ai dit jusqu’ici des choses vagues, et en voici de précises. Je désire de donner mon ouvrage le plutôt qu’il se pourra. Je commencerai demain à donner la dernière main au premier volume, c’est-à-dire, aux treize premiers livres ; et je compte que vous pourrez les recevoir dans cinq à six semaines. Comme j’ai des raisons très fortes pour ne point tâter de la Hollande, et encore moins de l’Angleterre, je vous prie de me dire si vous comptez toujours de faire le tour de la Suisse avant le voyage des deux autres pays. En ce cas il faut que vous quittiez sur-le-champ les délices du Languedoc ; et j’enverrai le paquet à Lyon, où vous le trouverez à votre passage. Je vous laisse choix entre Genève, Soleure et Bâle. Pendant que vous feriez le voyage, et que l’on commenceroit à travailler sur le premier volume, je travaillerai au second, et aurai soin de vous le faire tenir aussitôt que vous me le marqueriez : celui-ci sera de dix livres, et le troisième de sept ; ce seront des volumes in-quarto. J’attends votre réponse là-dessus, et si je puis compter que vous partirez sur-le-champ, sans vous arrêter ni à droite ni à gauche. Je souhaite ardemment que mon ouvrage ait un parrain tel que vous. Adieu, mon cher ami, je vous embrasse.


De Paris, le 6 décembre 1746.
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