Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
301
LETTRES FAMILIÈRES.


cœur ; mais il faudra vous divertir à Bordeaux, et je chargerai ma belle-fille d’avoir soin de vous. Je vis l’autre jour M. de Boze, avec qui je parlai beaucoup de vous ; quand vous serez ici, vous entrerez à l’Académie par la porte cochère ; mais je vous conseille d’écrire encore sur le sujet du prix proposé pour l’année prochaine. Comme ce sujet tient à celui que vous avez traité [1], et que vous tenez le fil des règnes précédents, vous trouverez moins de difficultés dans vos nouvelles recherches. Si le mémoires, sur lesquels je travaillai l’histoire de Louis XI, n’avoient point été brûlés [2], j’aurois pu vous fournir quelque chose sur ce sujet.

Si vous remportez ce troisième prix, vous n’aurez besoin de personne, et votre réception n’en sera que plus glorieuse. Vous aurez tant de loisir que vous voudrez à Clérac et à la Brède, où les voyages [3] et les dames ne vous

  1. Le sujet proposé étoit l'État des lettres en France, sous le règne de Louis XI. Le conseil de M. de Montesquieu ayant été suivi, son correspondant remporta un troisième prix à l’Académie. Nous ne connoissons pas cette dissertation, qui n’est point imprimée dans l’édition faite à Tournay des dissertations de cet auteur. (G.)
  2. A mesure qu’il composoit, il jetoit au feu les mémoires dont il avoit fait usage ; mais son secrétaire fit un sacrifice plus cruel aux flammes. Ayant mal compris ce que M. de Montesquieu lui dit, de jeter au feu le brouillon de son histoire de Louis XI, dont il venoit de terminer la lecture de la copie tirée au net, il jeta celle-ci au feu ; et l’auteur ayant trouvé, en se levant, le brouillon sur sa table, crut que le secrétaire avoit oublié de le brûler et le jeta aussi au feu, ce qui nous a privés de l’histoire d’un règne des plus intéressants de la monarchie françoise, écrite par la plume la plus capable de le faire connoitre. Le malheur n’est point arrivé dans sa dernière maladie, comme l’a avancé M. Fréron, dans ses feuilles périodiques, mais en l’année 1739 en 1740, puisque M. de Montesquieu conta l’accident qui lui étoit arrivé à un de ses amis, à l’occasion de l’impression de l'Histoire de Louis XI, par M. Duclos, qui parut quelque temps après, l’an 1740. (G.) Il reste tout au moins dans les papiers conservés à La Brède, une Introduction au règne de Louis XI. Voyez la Biographie universelle, art. MONTESQUIEU, par Walckenaer.
  3. Étant parti de Bordeaux, il profita de l’absence de M. de Montesquieu