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DISCOURS

mieux que, la réflexion étant souvent dirigée vers des lieux différents de celui où se produit le son, parce qu’elle se fait toujours par un angle égal à celui d’incidence, il arrive souvent que l’écho ne rend point les sons à celui qui les envoie : cette nymphe ne répond pas toujours à celui qui lui parle ; il y a des occasions où sa voix est méconnue de ceux mêmes qui l’entendent ; ce qui pourroit peut-être servir à faire cesser bien du merveilleux, et à rendre raison de ces voix entendues en l’air, que Rome, cette ville des sept montagnes, mettoit si souvent au nombre des prodiges[1].

Mais les autres, qui ne croient pas la nature si libérale, veulent des lieux et des situations particulières ; ce qui fait qu’ils varient infiniment et dans la disposition de ces lieux, et dans la manière dont se font les réflexions à cet égard.

Avec tout ceci on n’est pas fort avancé dans la connoissance de la cause de l’écho. Mais enfin un philosophe est venu, qui, ayant étudié la nature dans sa simplicité, a été plus loin que les autres : les découvertes admirables de nos jours sur la dioptrique et la catoptrique ont été comme le fil d’Ariadne, qui l’a conduit dans l’explication de ce phénomène des sons. Chose admirable ! il y a une image des sons, comme il y a une image des objets aperçus : cette image est formée par la réunion des rayons sonores, comme

  1. Visi etiam audire vocem ingentem ex summi cacuminis luco. (Tit-Liv. Hist., lib. I, cap. xxxii.)

    Spreta vox de cœlo emissa. (Ibidem, lib. V, cap. xxxii.)

    Templo sospitæ ; Junonis nocte ingentem strepitum exortum. (Ibidem, lib. XXXI, cap. xii.)

    Silentio proximæ noctis ex sylva Arsia ingentem strepitum exortum. (Ibidem, lib. II. cap. vii.)

    Cantusque feruntur
    Auditi, sanctis et verba minacia lucis.

    Ovid., Metam., lib. XV, v. 792.