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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE LXIV.


A L'ABBÉ DE GUASCO.


Tout ce que je puis vous dire, c’est que je pars au premier jour pour Bordeaux, et que là j’espère avoir le plaisir de vous voir. Je sais que je vous dois des remerciements pour les deux petits chiens de Bengale, de la race de l’infant D. Philippe, que vous me menez ; mais comme les remerciements doivent être proportionnés à la beauté des chiens, j’attends de les avoir vus, pour former les expressions de mon compliment. Ce ne seront point deux aveugles, comme vous et moi, qui les formeront, mais mon chasseur, qui est très-habile, comme vous savez.

J’ai envoyé mon roman [1] à M. le Nain, et je trouve fort extraordinaire que ce soit un théologien qui soit le propagateur d’un ouvrage si frivole. Je vais aussi envoyer un exemplaire de la nouvelle édition de la Décadence des Romains au prince Edouard, qui, en m’ envoyant son manifeste, me dit qu’il falloit de la correspondance entre les auteurs, et me demandoit mes ouvrages.

Je fais bien ici vos affaires, car j’ai parlé de vous à madame la comtesse de Senectère, qui se dit fort de vos amies. Je n’ai pas daigné parler pour vous à la mère, car ce n’est pas des mères dont vous vous souciez. Bien des compliments à madame la comtesse de Pontac : quoi que ; vous puissiez dire de sa fille, je tiens pour la mère ; je ne suis pas comme vous.

  1. Le Temple de Guide.