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ACADÉMIQUES.

qui travaillent toutes pour le bien commun, ces esprits animaux si impérieux et si obéissants, ces mouvements si soumis et quelquefois si libres, cette volonté qui commande en reine et obéit en esclave ; ces périodes si réglées, cette machine si simple dans son action et si composée dans ses ressorts, cette réparation continuelle de force et de vie, ce merveilleux de la reproduction et de la génération, toujours de nouveaux secours à de nouveaux besoins : quelles grandes idées de sagesse et d’économie !

Dans ce nombre prodigieux de parties, de veines, d’artères, de vaisseaux lymphatiques, de cartilages, de tendons, de muscles, de glandes, on ne sauroit croire qu’il y ait rien d’inutile ; tout concourt pour le bien du sujet animé ; et s’il y a quelque partie dont nous ignorions l’usage, nous devons avec une noble inquiétude chercher à le découvrir.

C’est ce qui avoit porté l’académie à choisir pour sujet l’usage des glandes rénales ou capsules atrabilaires, et à encourager les savants à travailler sur une matière qui, malgré les recherches de tant d’auteurs, étoit encore toute neuve, et sembloit avoir été jusqu’ici plutôt l’objet de leur désespoir que de leurs connaissances.

Je ne ferai point ici une description exacte de ces glandes, à moins de dire ce que tant d’auteurs ont déjà dit : tout le monde sait qu’elles sont placées un peu au-dessus des reins, entre les émulgentes et les troncs de la veine cave et de la grande artère. Si l’on veut voir des gens bien peu d’accord, on n’a qu’à lire les auteurs qui ont traité de leur usage ; elles ont produit une diversité d’opinions qui est un argument presque certain de leur fausseté : dans cette confusion chacun avoit sa langue, et l’ouvrage resta imparfait.