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LETTRES FAMILIÈRES.


vaise fortune. La réputation de votre Éminence dans le monde chrétien, celle qu’elle a dans le monde littéraire, me font regarder ses bontés comme la récompense de mes travaux ; et il est bien glorieux pour moi d’avoir obtenu la protection de celui dont j’avais tant l’ambition d’obtenir l’estime.

Son Excellence M. le duc de Nivernois m’a dit, Monseigneur, tout ce que je vous devois, et je me suis senti flatté en lisant sa lettre.

J’ai l’honneur de lui envoyer quelques réflexions que j’ai faites sur celles de Monseigneur Bottari, et votre Éminence verra que s’il a trouvé quelquefois des termes qui n’exprimoient pas assez, ou qui exprimoient trop, ou des endroits qui n’étoient pas assez développés, je suis cependant presque toujours d’accord avec cet illustre prélat sur le fond des choses, et telle est la disposition de mon esprit et de mon cœur qu’en m’en remettant toujours entièrement à vous et à lui, je respecterai toujours de si grandes lumières, et si je désire que l’on soit content de moi dans les autres pays, ce désir est infiniment plus ardent à l’égard de Rome, par la raison qu’il n’arrive point que Ion veuille offenser ce qu’on aime.

Je supplie votre Éminence de m’accorder la continuation de ses bontés, et, parmi tant de personnes qui en connaissent le prix, je puis dire que je tiens un rang distingué.

J’ai l’honneur d’être, avec un respect plein de la plus parfaite admiration.


Monseigneur,


Votre très-humble et très-obéissant serviteur.


MONTESQUIEU.


A Paris, ce 2 juin 1750.