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LETTRES FAMILIÈRES.


LETTRE XCIV [1].


A M. LE PRÉSIDENT BARBOT.


APRÈS LES JACOBINS, A BORDEAUX.


Mon cher Président, quand on baisse ou hausse une rue à Paris, que par là la porte est en l’air, ou descend à une cave, le raccommodage de cela se fait aux frais du propriétaire.

Quand on élargit une rue, ou qu’on prend une, deux, trois toises sur la façade d’une maison, on n’indemnise pas le propriétaire ; il est vrai que cela ne se fait que sur un alignement donné par les Trésoriers, qui ne devra être exécuté que lorsqu’on voudra, ou qu’il faudra, par vétusté, rebâtir la maison.

Je n’ai point vu de gens qui m’aient instruit sur le cas où l’on ordonnerait qu’une rue fût élargie tout à coup : je m’en informerai plus amplement [2].

Mon fils vous aura écrit la relation de la visite que nous avons faite à Fontainebleau à M. de Regemoste, par où vous verrez que les affaires vont bien, et que nous pouvons raisonnablement espérer satisfaction.

Adieu, mon cher Président, je vous embrasse mille fois. Peut-être me verrez-vous bientôt.


MONTESQUIEU.


[Paris] 30 octobre 1750.
  1. Archives de la Gironde t. VI.
  2. Sur l’absence d'une loi d’expropriation dans notre ancienne législation, voyez l'Esprit des Lois, livre XXVI, ch. XV.
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