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LETTRES FAMILIÈRES.


J’ai l’honneur d’être très-respectueusement, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,


MONTESQUIEU.


A Bordeaux, le 2 janvier 1752.


Permettez-moi l’honneur de vous présenter une bonne année.


_______


LETTRE CXIII.


AU CHEVALIER D'AYDIES [1].


Mon cher chevalier, si vous venez cet été à La Brède, vous prendrez le seul moyen que vous avez d’augmenter la passion que j’ai pour vous ; et quant à ce que vous me dites, de passer par Mayac lorsque j’irai à Paris, je le ferai, et je garde votre lettre pour savoir le chemin ; mais vous n’avez pas dit aux dames vos nièces [2], à quel point celui que vous leur proposez est délabré et peu propre à remplir les grandes vues que vous avez. Je me souviens d’une pièce de vers où il y avoit :

J’ai soixante ans ; c’est trop peu pour vos charmes.


Sylva [3] disoit fort bien : « Il n’y a rien de si difficile que de faire l’amour avec de l’esprit ; » et moi je dis qu’il est encore plus difficile de faire l’amour avec le cœur et avec

  1. Publiée par Ch. Pougens. Paris, an V (août 1797).
  2. Œuvres posthumes, p. 248. « Vous n’avez point dit à vos nièces, etc. »
  3. Célèbre médecin de Bordeaux.