traité Sénèque. Il y a d’excellents morceaux
[1], un quatrième acte très-beau, et le commencement d’un cinquième
[2] aussi. Ulysse dit d’un ami de Priam, qui avoit sauvé Astyanax :
Les rois seroient des dieux sur le trône affermis,
S’ils ne donnoient leur cœur qu’à de pareils amis.
M. d’Argenson se porte mieux ; mais on craint qu’il ne lui reste une plus grande foiblesse aux jambes. Je ne vous dirai point quand finira l’affaire du parlement, ou plutôt l’affaire des parlements ; tout cela s’embrouille, et ne se dénoue pas.
Mon cher chevalier, pourquoi n’êtes-vous point ici ? pourquoi ne voulez-vous pas faire les délices de vos amis ? pourquoi vous cachez-vous lorsque tout le monde vous demande ! Revenez, nos mercredis languissent. Madame de Mirepoix, madame du Chàtel, madame du Deffand... Entendez-vous ces noms, et tant d’autres ? J’arrive avec madame d’Aiguillon, de Pont-Chartrain, où j’ai passé huit jours très-agréables. Le maître de la maison [3] a une gaieté, une fécondité qui n’a point de pareille. Il voit tout, il lit tout, il rit de tout : il est content de tout, il s’occupe de tout : c’est l’homme du monde que j’envie davantage ; c’est un caractère unique. Adieu, mon cher chevalier : je vous écrirai quelquefois, et je serai votre Julien, qui est plus en état de vous envoyer de bons almanachs que de bonnes nouvelles. Permettez-moi de vous embrasser mille fois.
- 12 mars 1754.