Page:Montesquieu - Le Temple de Gnide, 1824.djvu/8

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Qui pourrait calculer la hauteur de cet immense génie qui s’est élevé dans l’Esprit des Lois au niveau d’Aristote et de Cicéron, qui a laissé loin de lui Tacite et Machiavel dans le sublime tableau de la Grandeur et de la Décadence des Romains, qui a été aussi fin et plus profond que Lucien dans les Lettres Persanes, aussi vrai que Plutarque, et aussi éloquent que Rousseau dans le Dialogue d’Eucrate et de Sylla, et qui serait encore, avec le Temple de Gnide tout seul, un des esprits les plus brillans du siècle de l’esprit ?

À considérer le style du Temple de Gnide comme une simple étude, cet ouvrage sera toujours une des choses les plus achevées qui soient sorties de la main des hommes. Quelle délicatesse dans les idées ! quelle élégance dans le tour ! quel heureux choix dans les expressions ! quelle heureuse variété dans les images ! quel nombre, quelle cadence, quelle pompe, quelle harmonie ! Qu’on s’imagine, et l’on n’imaginera rien de trop, les plus belles pages de l’Anthologie traduites avec le goût de Fénélon et l’esprit de Voltaire !