Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/51

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et la frugalité; et non par des moyens étrangers, toujours bas ou injustes.

» Avec mes enfants, j’ai vécu comme avec mes amis.

» Quand on s’est attendu que je brillerois dans 5 une conversation, je ne l’ai jamais fait. J’aimois mieux avoir un homme d’esprit pour m’appuyer, que des sots pour m’approuver.

» Il n’y a point de gens que j’aye plus méprisé que les petits beaux-esprits et les grands qui sont sans 10 probité.

» Je n’ai jamais été tenté de faire un couplet de chanson contre qui que ce soit.

» Je n’ai point paru dépenser; mais je n’ai point été avare, et je ne sache point de chose assez peu i5 difficile pour que je l’eusse faite pour gagner de l’argent.

»Je n’ai pas laissé (je crois) d’augmenter mon bien : j’ai fait de grandes améliorations à mes terres. Mais je sentois que c’étoit plutôt pour une certaine 20 idée d’habileté que cela me donnoit, que pour l’idée de devenir plus riche.

» Ce qui m’a beaucoup nui, c’est que j’ai toujours trop méprisé ceux que je n’estimois pas1. »

5 (973. II, f° 27). — Je n’ai point aimé à faire ma 25 fortune par le moyen de la Cour; j’ai songé à la faire en faisant valoir mes terres, et à tenir ma fortune immédiatement de la main des Dieux2.

1. Voyez l’autre volume, page 27 et page 3i.

2. Voyez Ier volume, page 22o, et celui-ci page 3i.