Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/368

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beaucoup. Or, on voit bien que, dans ce dernier cas, ils sont plus en état de payer les tributs. De la politique des princes d’Italie, qui entretiennent toujours le bled à un prix très bas, il résulte la misère pour 5 le maître et la fainéantise pour le colon.

XV. POLITIQUE SUISSE.

1885(1227. II, f° 99 v°).— Il est contre la nature de la chose que, dans une constitution fédérative comme la Suisse, les cantons conquièrent les uns sur

1o les autres’, comme ils ont fait dernièrement (les Protestants à l’égard des Catholiques). Il est contre la nature d’une bonne aristocratie que les citoyens entre lesquels on élit les magistrats, le Sénat, les Conseils, soyent en si petit nombre qu’ils fassent une

15 très petite partie du peuple, comme à Berne : car, pour lors, c’est une monarchie qui a plusieurs têtes. Il est encore contre les loix naturelles qu’une république qui a conquis un peuple le traite toujours comme sujet, et non comme allié, lorsqu’après un

2o espace considérable de temps, toutes les parties de l’un se sont alliées, les unes aux autres, par des mariages, des coutumes, des loix, des associations d’esprits : car les loix du conquérant ne sont bonnes et tolérables que parce que ces choses-là ne sont

%b pas, et qu’il y a un tel éloignement entre les nations que l’une ne peut pas prendre confiance en l’autre.

1. Mis dans les Loix.