Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


D’ailleurs, les mêmes étrangers font ce commerce par leurs interlopes, ce qui détruit le commerce de Cadix ; sans compter que le commerce en fraude est toujours ruineux à la nation contre qui il est fait, parce qu’il ruine ses douanes. De manière que la 5 nation souffrante paye les marchandises très cher et ne tire aucun avantage de ses douanes.

Le commerce libre feroit que toutes les nations de l’Europe se nuiroient, les unes, les autres. L’abondance des denrées qu’elles enverroient les tiendroit 1o à bon marché, c’est-à-dire augmenteroit le prix de l’or, et de l’argent, et des autres marchandises du pays.

Le roi d’Espagne auroit son quint franc et des sommes immenses en douanes sur les autres denrées 15 du pays.

Les dépenses qu’il fait contre les flibustiers cesseroient, et ce seroit aux autres nations d’Europe à les faire en tout ou en partie.

L’Espagne seule ne seroit pas chargée de peupler 1o tous ces vastes continents.

Le Roi mettroit, à sa fantaisie, des droits sur les marchandises d’Europe et d’Amérique, et, plus il y auroit d’habitants, plus les droits seroient grands.

On pourroit bien s’assurer contre les trahisons et 35 les entreprises des étrangers, et même leurs comptoirs seroient garants des avanies qu’ils pourroient faire.

Le roi d’Espagne pourroit affermer à des compagnies particulières ses douanes, et toutes les 3o nations de l’Europe deviendroient ses tributaires.