Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/523

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sectes de philosophie et de connoissances humaines. L’ignorance l’établit dans l’Orient et le porta chez les Grecs. Mais, comme il est impossible qu’un pays soit florissant sans qu’il y ait une infinité de gens qui, jouissant de la félicité, cherchent à cul- 5 tiver leur esprit et à acquérir des connoissances, il arriva qu’en Grèce on commença à s’attacher à la Philosophie. Les Athéniens, qui virent qu’on alloit ôter au peuple la crainte des Dieux, condamnèrent Protagoras et Diagoras, firent mourir Socrate 10 et bannirent Aristote. Plutarque nous dit que tous les physiciens étoient regardés comme athées, parce qu’en apprenant au peuple que les astres n’étoient que des corps, mus par des mouvements réguliers, ils détruisoient l’idée des Divinités que ’5 le Paganisme y avoit attachées.

Cicéron, qui, le premier, mit dans sa langue les dogmes de la philosophie des Grecs, porta un coup mortel à la religion de Rome. Elle commença à souffrir une espèce de guerre civile. On vit, dans io l’Empire, la secte de Pyrrhon douter de la Religion et celle d’Épicure la tourner en ridicule. Celles de Platon, de Socrate et d’Aristote, éclairèrent l’esprit, et celle de Zénon corrigea les mœurs.

C’est dans ces circonstances que le Christianisme 25 se répandit dans l’Empire, et je ne puis m’empêcher de faire quelques réflexions sur cet établissement, qui peut-être n’ont pas été faites par les apologistes de la Religion chrétienne.

Si la Religion chrétienne n’est pas divine, elle est 3o certainement absurde. Comment donc a-1-elle été