Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/424

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
De l’esprit des Lois,

l’esprit est le plus tourné vers l’agrandissement.

Sans des circonstances particulieres[1], il est difficile que tout autre gouvernement que le républicain puisse subsister dans une seule ville. Un prince d’un si petit état chercheroit naturellement à opprimer, parce qu’il auroit une grande puissance, & peu de moyens pour en jouir ou pour la faire respecter : il fouleroit donc beaucoup ses peuples. D’un autre côté, un tel prince seroit aisément opprimé par une force étrangere, ou même par une force domestique ; le peuple pourroit à tous les instans s’assembler & se réunir contre lui. Or quand un prince d’une ville est chassé de sa ville, le procès est fini ; s’il a plusieurs villes, le procès n’est que commencé.




CHAPITRE XVII.

Propriétés distinctives de la monarchie.


Un état monarchique doit être d’une grandeur médiocre. S’il étoit petit, il se formeroit en république. S’il étoit

  1. Comme quand un petit souverain se maintient entre deux grands états par leur jalousie mutuelle ; mais il n’existe que précairement