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De l’esprit des Lois,


Arcadius & Honorius, dans la loi[1] dont j’ai tant parlé[2], déclarent qu’ils ne feront point de grace à ceux qui oseront les supplier pour les coupables[3]. Cette loi étoit bien mauvaise, puisqu’elle est mauvaise dans le despotisme même.

La coutume de Perse, qui permet à qui veut de sortir du royaume, est très-bonne : Et quoique l’usage contraire ait tiré son origine du despotisme, où l’on a regardé les sujets comme des[4] esclaves, & ceux qui sortent comme des esclaves fugitifs ; cependant la pratique de Perse est très-bonne pour le despotisme, où la crainte de la fuite ou de la retraite des redevables, arrête ou modere les persécutions des bachas & des exacteurs.


Fin du premier Volume.
  1. La loi V. au code ad leg. Jul. maj.
  2. Au chapitre VIII de ce Livre.
  3. Fridéric copia cette loi dans les constitutions de Naples, liv. I.
  4. Dans les monarchies, il y a ordinairement une loi qui défend à ceux qui ont des emplois publics de sortir du royaume sans la permission du prince. Cette loi doit être encore établie dans les républiques. Mais dans celles qui ont des institutions singulieres, la défense doit être générale, pour qu’on n’y rapporte pas les mœurs étrangeres.