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de l’esprit des Lois,

du midi de la Perse ne fournissoit point de matelots ; on n’y en avoit vu que dans les derniers momens de la vie d’Alexandre, mais les rois d’Égypte, maîtres de l’île de Chypre, de la Phénicie, & d’un grand nombre de places sur les côtes de l’Asie mineure, avoient toutes sortes de moyens pour faire des entreprises de mer. Ils n’avoient point à contraindre le génie de leurs sujets ; ils n’avoient qu’à le suivre.

On a de la peine à comprendre l’obstination des anciens à croire que la mer Caspienne étoit une partie de l’océan. Les expéditions d’Alexandre, des rois de Syrie, des Parthes & des Romains, ne purent leur faire changer de pensée : c’est qu’on revient de ses erreurs le plus tard qu’on peut. D’abord on ne connut que le midi de la mer Caspienne, on la prit pour l’océan ; à mesure que l’on avança le long de ses bords du côté du nord, on crut encore que c’étoit l’océan qui entroit dans les terres : En suivant les côtes, on n’avoit reconnu du côté de l’est que jusqu’au Jaxarte, & du côté de l’ouest que jusqu’aux extrémités de l’Albanie. La mer, du côté du nord, étoit