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Liv. XXI. Chap. XI.

font de grands feux pour écarter les bêtes féroces ; & qu’ils aiment passionnément la danse & les instrumens de musique.

Hannon nous décrit un volcan avec tous les phénomenes que fait voir aujourd’hui le Vésuve ; & le récit qu’il fait de ces deux femmes velues, qui se laisserent plutôt tuer que de suivre les Carthaginois, & dont il fit porter les peaux à Carthage, n’est pas, comme on l’a dit, hors de vraisemblance.

Cette relation est d’autant plus précieuse, qu’elle est un monument Punique ; & c’est parce qu’elle est un monument Punique, qu’elle a été regardée comme fabuleuse. Car les Romains conserverent leur haine contre les Carthaginois, même après les avoir détruits. Mais ce ne fut que la victoire qui décida s’il falloit dire, la foi Punique, ou la foi Romaine.

Des modernes[1] ont suivi ce préjugé. Que sont devenues, disent-ils, les villes qu’Hannon nous décrit, & dont, même du temps de Pline, il ne restoit pas le moindre vestige ? Le merveilleux

  1. M. Dodwel : voyez sa dissertation sur le Périple d’Hannon.