Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
Liv. XXX. Chap. XXIV.

des Gaules, les Armoriques formerent toujours une république particuliere, qui subsista jusqu’à la conquête de Clovis. Cependant il auroit besoin, pour établir son systême, de preuves bien fortes & bien précises. Car, quand on voit un conquérant entrer dans un état, & en soumettre une grande partie par la force & par la violence ; & qu’on voit quelque temps après l’état entier soumis, sans que l’histoire dise comment il l’a été ; on a un très-juste sujet de croire que l’affaire a fini comme elle a commencé.

Ce point une fois manqué, il est aisé de voir que tout le systême de M. l’abbé Dubos croule de fond en comble ; & toutes les fois qu’il tirera quelques conséquences de ce principe, que les Gaules n’ont pas été conquises par les Francs, mais que le Francs ont été appellés par les Romains, on pourra toujours la lui nier.

M. l’abbé Dubos prouve son principe par les dignités Romaines dont Clovis fut revêtu ; il veut que Clovis ait succédé à Childéric son pere dans l’emploi de maître de la milice. Mais ces deux charges sont purement de sa création.