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Liv. XXX. Chap. XXIV.

maître de la monarchie, & tous ses droits étoient établis.

La seconde preuve que M. l’abbé Dubos allegue, c’est la cession faite par l’empereur Justinien, aux enfans & aux petits-enfans de Clovis, de tous les droits de l’empire sur les Gaules. J’aurois bien des choses à dire sur cette cession. On peut juger de l’importance que les rois des Francs y mirent, par la maniere dont ils en exécuterent les conditions. D’ailleurs, les rois des Francs étoient maîtres des Gaules ; ils étoient souverains paisibles : Justinien n’y possédoit pas un pouce de terre ; l’empire d’occident étoit détruit depuis long-temps ; & l’empereur d’orient n’avoit de droit sur les Gaules, que comme représentant l’empereur d’occident ; c’étoient des droits sur des droits. La monarchie des Francs étoit déjà fondée ; le règlement de leur établissement étoit fait ; les droits réciproques des personnes, & des diverses nations qui vivoient dans la monarchie, étoient convenus ; les lois de chaque nation étoient données, & même rédigées par écrit. Que faisoit cette cession étrangere à un établissement déjà formé ?