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De l’esprit des Lois,


Cependant les anciens abus allerent si loin que, sous les enfans de Louis le débonnaire[1], les laïques établissoient des prêtres dans leurs églises, ou les chassoient, sans le consentement des évêques. Les églises se partageoient entre les héritiers[2] ; &, quand elles étoient tenues d’une maniere indécente, les évêques n’avoient d’autre ressource que d’en retirer les reliques[3].

Le capitulaire[4] de Compiegne établit que l’envoyé du roi pourroit faire la visite de tous les monasteres avec l’évêque, de l’avis & en présence de celui qui le tenoit[5] ; & cette regle générale prouve que l’abus étoit général.

Ce n’est pas qu’on manquât de lois pour la restitution des biens des églises. Le pape ayant reproché aux évêques leur négligence sur le rétablissement des monasteres, ils écrivirent[6] à Charles

  1. Voyez la constitution de Lothaire I, dans la loi des Lombards, liv. III, loi I, §. 43.
  2. Ibid. §. 44.
  3. Ibid.
  4. Donné la vingt-huitieme année du regne de Charles le chauve, l’an 868, édit. de Baluze, p. 203.
  5. Cum concilio & consensu ipsius qui locum retinet.
  6. Concilium apud Bonoilum, seizieme année de Charles de chauve, l’an 856, édit. de Baluze, p. 78.