Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
De l’esprit des Lois,

un historien juger de ce que les hommes ont fait, par ce qu’ils auroient dû faire ! Avec cette maniere de raisonner, il n’y auroit plus d’histoire.

Quoi qu’il en soit, il est certain que, dès le moment de la victoire du duc Pépin, sa famille fut régnante, & que celle des Mérovingiens ne le fut plus. Quand son petit-fils Pépin fut couronné roi, ce ne fut qu’une cérémonie de plus, & un fantôme de moins : il n’acquit rien par-là que les ornemens royaux ; il n’y eut rien de changé dans la nation.

J’ai dit ceci pour fixer le moment de la révolution ; afin qu’on ne se trompe pas, en regardent comme une révolution ce qui n’étoit qu’une conséquence de la révolution.

Quand Hugues Capet fut couronné roi au commencement de la troisieme race, il y eut un plus grand changement ; parce que l’état passa de l’anarchie à un gouvernement quelconque : mais quand Pépin prit la couronne, on passa d’un gouvernement au même gouvernement.

Quand Pépin fut couronné roi, il ne fit que changer de nom : mais quand