Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
De l’esprit des Lois,

vent un grand nombre d’amis. Ceux-ci reçoivent d’eux le cheval du combat & le javelot terrible. Les repas peu délicats, mais grands, sont une espece de solde pour eux. Le prince ne soutient ses libéralités que par les guerres & les rapines. Vous leur persuaderiez bien moins de labourer la terre & d’attendre l’année, que d’appeller l’ennemi & de recevoir des blessures ; ils n’acquerront pas par la sueur ce qu’ils peuvent obtenir par le sang ».

Ainsi, chez les Germains, il y avoit des vassaux & non pas des fiefs : il n’y avoit point de fiefs, parce que les princes n’avoient point de terres à donner ; ou plutôt les fiefs étoient des chevaux de bataille, des armes, des repas. Il y avoit des vassaux, parce qu’il y avoit des hommes fideles, qui étoient liés par leur parole, qui étoient engagés pour la guerre, & qui faisoient à peu près le même service que l’on fit depuis pour les fiefs.