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De l’esprit des Lois,

qu’ils donnassent sans cesse ces terres & ces dépouilles ; que leur domaine grossît continuellement, & qu’il diminuât sans cesse ; qu’un pere qui donnoit à un de ses enfans un royaume[1], y joignît toujours un trésor ; que le trésor du roi fût regardé comme nécessaire à la monarchie ; & qu’un roi[2] ne pût même, pour la dot de sa fille, en faire part aux étrangers, sans le consentement des autres rois. La monarchie avoit son allure, par des ressorts qu’il falloit toujours remonter.




CHAPITRE V.

De la conquête des Francs.


Il n’est pas vrai que les Francs, entrant dans la Gaule, ayent occupé toutes les terres du pays pour en faire des fiefs. Quelques gens ont pensé ainsi, parce qu’ils ont vu, sur la fin de la

  1. Voyez la vie de Dagobert.
  2. Voyez Grégoire de Tours, liv. VI, sur le mariage de la fille de Chilpéric. Childebert lui envoie des ambassadeurs, pour lui dire qu’il n’ait point à donner des villes du royaume de son pere à sa fille, ni de ses trésors, ni des serfs, ni des chevaux, ni des attelages de bœufs, &c.