Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/102

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ne pouvait pas sortir, parce que l’île, alors, n’était plus qu’un vaste marécage, les jours courts et sinistres, et la mer méchante, la tempête, le sifflement des vents, les coups de tonnerre de l’eau dans les couloirs des roches, et les nuits effrayantes où, tenue éveillée par l’affreux déchirement de la nature, elle tremblait dans son lit, pensant à tous ceux qui voguaient sur la mer et priant pour eux. On restait sans nouvelles des Houattais, pendant des semaines, on n’en savait rien. Enfin arrivait une éclaircie, le comte pouvait aller jusqu’au village. Quand il revenait, c’était toujours très triste : il y avait eu des barques perdues et des pêcheurs noyés.

Elle me parlait, les yeux levés sur moi, si grands, si purs, si confiants, si sincères que je soupirais d’émotion et que j’avais envie encore de me jeter à ses pieds et de baiser le bas de sa robe. Elle se confiait à moi. J’étais