Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/108

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tristesse. Je pénétrais dans l’éden : l’air serait toujours doux, l’horizon toujours lumineux. Je ne redoutais rien, je n’hésitais pas, je donnais ma vie avec enthousiasme.

Je n’étais pas incertain, inquiet, anxieux. Je n’étais pas à la fois attiré et effrayé. Je n’éprouvais pas un vertige contre lequel je me défendais. Je ne me demandais point si ce Seigneur qui m’appelait et qui me semblait si beau, n’allait pas me faire bien du mal. Et, en franchissant le seuil de l’amour, je n’avais pas le cœur serré, regardant derrière moi pour voir encore la vie que je laissais, le passé, puis, devant moi, un avenir obscur, enveloppé de nuages. Je ne m’interrogeais pas sur la suite, ni l’issue. Non, je courais droit, les bras levés, et le visage au ciel. Je chantais un chant d’allégresse, car j’aimais, car ma vie allait s’épanouir, car j’allais connaître le suprême bonheur !

Et je m’élevais, je me dépouillais comme