Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/148

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lent, ces petits. Le village saura. M. de Kéras saura. Notre secret ne peut pas demeurer toujours gardé.

J’étais contrarié. J’étais inquiet. Je décidai de descendre tout de suite au village. À la mine que me feront les uns et les autres, je verrai bien si l’on se doute de quelque chose.

Courbées dans leurs carrés de pommes de terre, les femmes relevaient la tête pour me dire poliment bonjour. Je voyais de loin les toits rouges et les toits bleu ardoise des maisons basses et bien propres. Une cheminée fumait, une mince colonne s’élevait dans l’air calme du soir. Des voix montaient dans le crépuscule, voix d’enfants, voix de femmes, extraordinairement nettes au milieu de cette paix. Dans un sentier, je croisai une vieille toute cassée, pliée sous un faix de broussailles sèches… J’allais entre deux bas talus de pierres et de terre où poussaient l’épine et le mûrier sauvage. Le sentier serpentait entre