Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/173

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Toussaint Leblanc, et qu’il me semblait voguer vers une vie nouvelle, puis la sorte d’avertissement intime que je recevais en entendant parler du Goabren, du comte de Kéras, puis le rêve dans lequel j’écoutais le vieux Roudil, et ce sentiment étrange que j’avais que c’était par là que la vie m’appelait… Et ensuite, quand j’avais été épier Anne auprès du Goabren, et ma rencontre avec elle, et alors mon absence de surprise, ma soumission devant le fait dont j’avais eu le pressentiment, et tout de suite, cette intimité avec elle, et bientôt ce dialogue comme au paradis… Pendant tous ces événements j’avais été enlevé à la vie. J’avais vécu hors de tout, dans une atmosphère surnaturelle. Je planais, j’existais en plein ciel, je n’avais plus d’attaches avec la terre.

Mais à présent je redescendais sur la terre. Je l’avais oubliée ; je la retrouvais. Je discernais que nous n’étions point deux âmes