Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/174

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détachées du monde, libres, sans attaches avec le reste. Ayant désiré Anne, désiré passionnément, j’avais compris qu’elle était une femme. Cela m’avait rendu à la vie, remis en face de la réalité.

J’étais transféré sur un autre plan. Un glissement s’était produit, d’où naissait un changement de point de vue : je me replaçais, et je la replaçais dans la société.

À présent je réfléchissais… Houat n’était pas située au ciel. C’était une île qui se trouvait sur notre globe. Nous étions de pauvres humains, dans une société organisée. Il fallait rester dans les cadres de cette société.

J’examinais ma situation vis-à-vis d’Anne. L’idylle supraterrestre, le dialogue céleste, éthéré, ne pouvait pas se poursuivre éternellement : je n’étais point, et elle n’était point tout âme.

Les paroles d’amour, la musique de l’amour, notre colloque dans le ciel devait se