Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/178

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séderais dans son corps celle que je possédais déjà dans son âme.

Voilà, je me trouvais en face de ceci : il fallait qu’Anne devînt ma femme.

Je poussais jusqu’au bout ma pensée. J’inscrivais la conclusion : nous ne pouvions rester à Houat. Elle devait venir avec moi. Il fallait l’enlever. Cette idée s’imposait à moi.

La demander à son père ?… Il ne consentirait pas à ce qu’elle quittât l’île. C’était un égoïste, un féodal, un tyran. Sa vie qu’il avait faite telle, sa femme et sa fille devaient la partager. Il était le maître de ces deux existences. Puisqu’à Houat il n’y avait personne qu’elle pût épouser, elle devait rester fille, et passer ses jours avec lui au Goabren, pour le servir. D’une race de reîtres et de chasseurs, il ordonnait. On ne discutait point. La femme était un être inférieur qui devait obéir. Sa fille n’avait pas à parler. Il ordonnait… Je