Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/188

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aux plus belles journées il se mêlait un sentiment subtil de fin prochaine, de froid à venir, d’hiver possible. Le ciel était bleu, le plein soleil était brûlant, — mais les matins étaient acides. L’avertissement des mauvais jours flottait épars dans les plus beaux. D’ailleurs ceux-ci étaient entrelacés de jours de brume et de pluie… Ils devinrent bientôt rares, et je les attendis. Puis ils furent l’exception. Si alors un beau jour arrivait, j’en jouissais tant que je pouvais, dans la pensée qu’il était le dernier peut-être. Et si, par hasard, il s’en suivait deux, je les comparais, je supputais de combien le second était moins pur, moins chaud, moins vrai que le premier… Car c’était à présent de fausses journées d’été, il y avait un ver, à présent, dans le fruit. L’été agonisait, son glas sonnait ; les jours mélancoliques d’automne, et puis les jours désespérés d’hiver étaient proches. On avait encore de délicieuses matinées : l’eau bleue, comme en