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Les arbres ne se dépouillaient jamais de verdure, ce qui, pour nous, est une des marques de l’été et de l’hiver. Les mois de décembre et janvier sont ceux de l’été. Toute l’année et surtout dans cette saison d’été, nous étions très tourmentés par les cousins (muskites), dont les piqûres étaient extrêmement sensibles. On mettait des gazes aux fenêtres pour s’en garantir ; mais, quelque précautions que l’on prît, ils s’introduisaient toujours. Quand j’étais obligée de garder ma chambre dans la soirée, il m’est arrivé de me coucher pour m’en débarrasser et je lisais à travers ma cousinière.

L’Empereur, bien qu’il fût toujours en bas de soie, en souffrait peu.

On sait qu’en s’abstenant de toucher à la piqûre dans le premier moment, l’inflammation passe bientôt ; il avait cette patience et nous conseillait d’user de ce moyen. Il nous était aussi très difficile de nous préserver des punaises, même avec des lits de fer ; elles se mettaient dans les rideaux en soie. L’Empereur en avait en soie verte aux deux petits lits de fer que l’on avait apportés avec ses bagages. Il fallut y substituer des rideaux de mousseline. Il n’y a dans l’île