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resser à leur conversation naïve, à la fable qu’ils avaient apprise le matin, ils auraient changé d’opinion et reconnu dans le grand homme une incontestable bonté.

Non seulement, il n’était pas méchant, mais, je puis l’affirmer, la dureté, chez lui, n’était pas native. Il ne mentit pas en me disant un jour « qu’il avait été obligé de se faire une écorce de dureté apparente qui imposât, pour ne pas être entraîné par son cœur à céder aux instances et à accorder pardon alors qu’il devait punir ».

Tout le monde comprend que Napoléon ait excité l’enthousiasme : ses adversaires mêmes le trouvent tout naturel ; mais on ne s’explique pas généralement la sympathie qu’il inspirait, le dévouement exalté de ceux qui l’ont connu, l’inviolable fidélité qu’ils gardent à sa mémoire.

Depuis que ma destinée m’avait placée près de lui, j’ai pénétré le secret de son influence morale sur son entourage.

C’était cette âme susceptible de tout noble sentiment qui ressortait dans l’expression, le geste, le regard ; un mot senti sur la question du moment qui imprimait dans le cœur de celui