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armé contre lui et d’autant plus redoutable qu’il paraît plus faible.

Il avait été frappé de l’empire que la passion de l’amour peut prendre sur les hommes du caractère le plus fort.

« J’ai vu, disait-il, Berthier pleurer comme un enfant, dans sa tente, en Égypte, devant le portrait de Mme  X…, et n’être plus alors qu’une poule mouillée, bon à renvoyer en France. Murât est arrivé vingt-quatre heures trop tard où je l’attendais pour s’être oublié, à Venise, dans les jardins d’Armide. »

L’Empereur ajoutait que, depuis, son opinion s’était modifiée ; qu’il avait été très frappé de la haine et de l’acharnement de quelques femmes contre lui, en 1814 et 1815.

Il convenait qu’il avait eu grand tort de s’en faire des ennemies, qu’il aurait dû causer plus souvent avec elles de choses sérieuses.

À son retour de l’île d’Elbe, il en vit de près quelques-unes, entre autres Mmes  de Bassano, de Rovigo, Regnaud, et eut occasion de traiter avec elles des sujets importants : « J’ai été étonné, me disait-il, de leur intelligence et de l’énergie de leurs sentiments pour ma cause. »