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Peut-être, s’il eût pu dire : J’ai fait des rois et je n’ai pas voulu l’être, serait-il encore le chef des Français.

Quand on connaît le caractère de l’Empereur, son activité, son besoin d’agir, et qu’on le considère enfermé, au moral comme au physique, dans d’aussi étroites limites, il serait permis de croire que ce feu sans aliments devait le consumer, au moins le rendre difficile dans sa vie d’intérieur. Cependant, il n’est aucun de nous et de ceux qui l’ont approché habituellement, tel que le docteur O’Meara qui a été à même d’en juger, puisque, chaque jour, il passait des heures entières avec lui, qui ne puisse témoigner de sa constante liberté d’esprit, de l’intérêt qu’il prenait à tout, et je puis dire même, avec vérité, de la fraîcheur, de la naïveté de ses impressions.

Il ne faisait point parade de force d’âme, il ne jouait aucun rôle. C’est parce qu’il était toujours naturel, toujours vrai, que la vie commune était si facile avec lui.

Je ne l’ai jamais vu s’attrister à la pensée de sa chute. C’étaient plutôt les tracasseries du moment, dont on le tourmentait si inutilement, qui lui causaient des mouvements d’humeur.