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causé de bonne amitié. « Vous y viendrez tôt ou tard, me disait-il avec douceur, et vous verrez quelle satisfaction pour vous-même. »

« Mon influence sur lui était telle que je le décidai par la seule force de mon raisonnement[1] à signer le Concordat de Fontainebleau, dans lequel il renonçait à la souveraineté temporelle. Il ne l’eût pas plutôt signé, du reste, qu’il s’en repentait. Aussitôt après que je l’eus quitté, il retomba dans les mains de ses conseillers habituels, qui lui firent un épouvantail de ce qu’il venait d’arrêter. Si nous avions été laissés à nous seuls, j’en eusse fait ce que j’aurais voulu. J’aurais alors gouverné le monde religieux avec la même facilité que je gouvernais le monde politique. Quand on connaîtra la vérité sur mes querelles avec le Pape, on s’étonnera de tout ce que j’endurai de sa part, moi qui n’étais guère endurant !

« Pie vii partit de Paris sans avoir obtenu de moi la récompense qu’il croyait avoir méritée : il voulait que j’exhumasse, en faveur du Saint-Siège, la fameuse donation de la comtesse Mathilde[2]… »

  1. La signature ne s’obtint pas aussi facilement que l’aurait dit Napoléon. Du reste, le Concordat de 1813, immédiatement désavoué par Pie vii, ne reçut pas d’exécution.
  2. Fille de Boniface ii le Vieux, héritière du duché de Toscane, des comtés de Modène, Ferrare, etc. Après la mort de son premier mari, Godefroi, duc de Lorraine, elle s’attacha à Grégoire VII et lui fit une donation secrète de ses biens. Elle mourut en odeur de sainteté en 1102, léguant ses biens