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chez moi et dîne avec l’Empereur. Tous les matins, Bertrand se croit obligé de venir me voir, non à mon lever, mais à mon déjeuner ; il reste une demi-heure et s’en va sans que, depuis deux jours, nous nous soyons dit quatre paroles. Hier, l’Empereur était dans ses humeurs noires ; il s’est levé à quatre heures et recouché à cinq heures et demie. Il ne m’a parlé que de toi et de tes enfants. À peine a-t-il fait des réflexions sur les journaux qui, du reste, prouvent que la France commence à être constitutionnelle. Ton départ et la maladie de Mme Bertrand, qui ne finit pas et est toujours au même point, ont jeté un voile noir sur Longwood, déjà si monotone.

Joséphine[1] se marie dans deux jours ; tous calculs faits, ils ont à eux deux 20,000 francs qui appartiendront au survivant, ainsi que tous les acquêts, s’ils n’ont pas d’enfants ; en cas d’enfants, le survivant n’aura que la jouissance. Le contrat se rédige ce matin. L’Empereur la prendra pour lingère et lui conserve les gages que tu lui donnais. Cet arrangement me paraît conforme à tes désirs et j’ai tout arrangé dans ce sens.

Jackson part demain sur un chinois[2] ; je le charge de te porter un petit paquet de divers objets oubliés dans tes armoires dont je t’ai parlé dans ma

  1. Femme de chambre de Mme de Montholon.
  2. Sur un bâtiment retournant de la Chine en Angleterre.