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Console-toi de ton sort en pensant à celui que tes soins adoucissent. Toutes les positions ont leurs avantages et leurs désagréments. Il y a toujours quelques mauvaises années dans la vie : quand ces années orageuses et sombres laissent après elles le sentiment d’avoir fait son devoir, elles ne peuvent être appelées stériles. Rappelle-moi au souvenir de l’Empereur ; je ne vois que trop qu’il ne pense plus à moi. Il n’importe, je dirai : Fais ce que dois, advienne que pourra.

Adieu, mon Charles, je t’embrasse.

ALBINE.




Paris, le 15 août 1820.

C’est aujourd’huy le 15 août, et mon esprit est fixé sur la réunion accoutumée. Je vous vois tous dans le billard. Les enfans sont bien parés. Je vois la jolie Hortense avec ses beaux cheveux noirs bouclés, Mme  Bertrand dans ses atours, et toi, mon pauvre Charles, tu fais une mine encore plus triste qu’à l’ordinaire, en pensant aux absens. Je fête ma Lili, mais bien tristement, je t’assure. Je dînerai avec mes enfans ; je leur parlerai de vous. Tristan pleurera au souvenir de cette journée naguère si belle pour lui, maintenant si terne ! Tu crois que ta fille t’oublie : tu es dans l’erreur. Je te l’ai dit et je te le répète :