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j’ai bien plus besoin de toi que tu ne peux te l’imaginer. Rien ne peut me dédommager de la privation de tes soins et de mon intérieur. C’est un sacrifice peut-être au-dessus de mes forces ; mais je l’ai fait et ne m’en repens pas, puisque je le devais. Je n’ai toujours pas de réponse de la princesse Borghèse au sujet de la démarche que je l’ai priée de faire pour ton remplacement. En voulant que sa famille s’en mêlât, on a tout paralysé. Personne ne s’est encore présenté. C’est une chose bizarre que l’appréhension que chacun a d’aller sur votre rocher. Ne crois pas que j’aie attendu ce que tu m’en dis pour charger le mari de Mariette de s’en occuper. Tu crois que je les vois : tu te trompes bien. Le mari m’a fait dire qu’il ne venait pas parce qu’il craignait que cela ne le compromît. La peur est la vertu à la mode, et peur de quoi ? C’est par trop bête ! Tu te fais bien des illusions sur les anciennes amitiés et la reconnaissance !

Si le comte Bertrand revenait par suite de la mort de son père, il faudrait faire en même temps une demande officielle pour son remplacement, ce qui ira tout seul, et demander que le choix lui soit soumis ; ou, si vous voulez qu’il le soit à la famille, écrire une lettre ad hoc à Madame, qui ne laisse aucun prétexte aux refus et aux lambineries. Au surplus, si je trouvais un individu convenable, je solliciterais la faveur de vous l’envoyer, et j’espère que j’obtiendrais cette justice. Je n’ai qu’à me