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par papa, il n’y a jamais songé sérieusement. C’est l’expression du sentiment passionné d’un homme épris ; tout le prouve.

« Nous étions prêts à repartir pour Sainte-Hélène quand l’annonce de la mort de l’Empereur a éclaté à Paris comme un coup de foudre. Nous étions descendus à Paris, rue Caumartin, chez M. Gagnan (maison meublée).

« On fermait les malles ; M. l’abbé Deguerry, l’otage de 1871, partait avec nous comme aumônier de l’Empereur ; M. Andraud, professeur au collège de Juddilly, comme précepteur de mes frères, lorsque M. Rolland de Villarceaux, mon oncle[1], a été chargé d’apporter la fatale nouvelle à maman. Je ne l’oublierai jamais !

« Nous sommes partis deux jours après pour Portsmouth, afin d’y attendre mon père, le général Bertrand, M. Marchand, le docteur Antomarchi et l’abbé Vignali[2] qui a confessé et administré l’Empereur. Nous sommes restés dix-huit mois à Londres, little Porstman street, à côté de Porstman square, pour le dépôt du testament de l’Empereur à la tour de Londres et le règlement de toutes choses. Maman avait quitté Sainte-Hélène pour soigner sa santé délabrée, sauver, s’il était possible, ma petite sœur

  1. Oncle à la mode de Bretagne.
  2. L’abbé Vignali se retira chez lui, en Corse ; il y périt assassiné pour cause de vendetta. — Du C.